Session budgétaire du 25 mars 2024
Mes chers collègues,
Je tenais à féliciter toutes les personnes qui ont contribué à la conception de ce schéma.
J'espère que cette occasion de vous exprimer dans l’hémicycle départemental vous encouragera à vous engager au sein de nos institutions démocratiques au service de votre génération et de la société toute entière !
Je veux aussi remercier les services pour leur implication dans la conception de ce schéma départemental des jeunesses, Danielle Cornet pour les politiques menées depuis maintenant 3 ans et l’ensemble des partenaires de cette politique publique.
Nous avons décidé de faire du soutien aux jeunes une des pierres angulaires du mandat. Qu’il s’agisse des efforts budgétaires dédiés à la protection de l’enfance, de la mise en place du revenu jeune, des investissements conséquents pour accroitre et améliorer les conditions d’apprentissage en collège ou encore des différentes aides à la mobilité, aux loisirs, au logement, au sport ou à la culture : le Département s’engage.
Dans une société où les inégalités sociales se creusent, notre responsabilité au Département est d’agir pour corriger ces inégalités et fournir aux nouvelles générations les moyens matériels et intellectuels pour tracer leur route.
Dans cette démarche, je pense qu’il faut que nous soyons tous et toutes vigilantes à ne pas faire “à la place” des jeunes. Il faut savoir rester humble et je crois que ce schéma que nous votons sait bien où est notre place. Parce qu’il y en a qui savent très bien se mettre “à la place de” et dire aux jeunes ce qu’il faudrait penser. Dans des régimes autoritaires, la conviction est par exemple qu’enrôler un jeune dans l’armée, c’est le mettre sur la bonne voie. Nous pensons ici tout le contraire.
Notre rôle à nous collectivité est de permettre aux jeunes d’explorer en toute conscience, la palette des chemins possibles. Nous n’avons pas le droit de dire “c’est cette route là qu’il faut prendre”. Ça serait une erreur :
> parce qu’il n’y a pas de bonne direction, il y en a plusieurs.
> parce que la bonne direction n’est pas la même pour tous.
Et ça me permet ici de souligner l’importance de parler de jeunesses au pluriel.
Il y a des jeunes qui passent beaucoup de temps devant les écrans, qui consomment les habits de la fast fashion sans se poser de question, ceux qui ont des comportements agressifs et sexistes. Il y en a d’autres qui s’engagent au nom de l’intérêt général. Et il y en a qui adopte plusieurs de ces comportements à la fois.
Non, je crois vraiment que c’est réducteur de dire la “jeunesse”. Tout comme ça l’est de parler de “génération climat”.
On prête à la nouvelle génération ce surnom de “génération climat” et derrière cette appellation, on imagine qu’ils seront les seuls à payer le prix des conséquences du dérèglement environnemental alors que nous allons tous et toutes les subir étant donné que ces conséquences se font déjà lourdement sentir dès aujourd’hui. Derrière l'appellation “génération climat”, on imagine aussi que toute cette classe d’âge a pris conscience du réchauffement climatique et se met à lutter, vent debout, pour le vivant.
Et si seulement c’était vrai !
Mais c’est loin d’être la réalité !
Il y a des jeunes qui n’ont pas prévu de lutter pour enrayer le réchauffement climatique, il y a ceux que les SUV ou les vidéos d’influenceurs à Dubaï font rêver.
Exactement à l’inverse, il y a les moins jeunes d’aujourd’hui qui se sont engagés dans des causes environnementales : des hommes et des femmes qui ont marché sur le plateau du Larzac dans les années 70, qui ont, dans les années 80, refusé des centrales nucléaires, à Plogoff ou plus près de nous, au Pellerin.
Il faut avoir conscience de tous les stéréotypes qui réduisent des générations entières dans des tiroirs ou dans des étiquettes. Il faut en avoir d’autant plus conscience que les stéréotypes : ça clive.
Il faut en avoir conscience enfin pour ne pas imaginer des politiques publiques rigides parce qu’on aurait projeté tel ou tel comportement ou état d’esprit sur une génération entière.
Il y a en revanche des statistiques à prendre en compte.
Et nous avons en boussole ici que les jeunes souffrent davantage de la précarité que les moins jeunes : ça c’est une donnée objective sur laquelle nous devons nous appuyer.
A nous donc de donner les outils pour corriger ces inégalités. Et je crois que ce schéma va dans le sens de dimension qui sont primordiales :
> donner le coup de pouce matériel pour permettre de se construire
> tâcher d’éveiller l’esprit critique car nous allons avoir besoin de beaucoup d’esprit critique pour continuer à faire société, guérir nos démocraties et enrayer le dérèglement climatique.
Je vous remercie.
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