Dès l’année prochaine, le prix des repas dans les cantines s’échelonnera entre 1 et 5,30 euros en fonction des revenus de chaque famille. Un dispositif qui permettra un accès plus juste à une alimentation quotidienne et de qualité. Ugo Bessière, en charge du projet alimentaire départemental, tenait à féliciter cette avancée qui répond à plusieurs enjeux
Vous le savez on parle beaucoup de précarité alimentaire en ce moment, près d’1 français/10 bénéficient de l’aide alimentaire, c’est 2 fois plus qu’il y a 10 ans. Toutes sortes d’idées émergent pour endiguer ces terribles chiffres.
Je dis souvent que nous avons la chance en France d’avoir un service public que nous envient de nombreux pays Européens. La cantine EST un lieu politique. C’est LE 1er levier d’action pour un accès équitable à une alimentation saine, mais pas que.
Pour nous rendre compte, nous sommes allés visiter plusieurs restaurants scolaires. Je voudrai citer le personnel du collège Robert Schuman de Chateaubriand : “beaucoup l’oublient mais la cantine fait partie intégrante de l’éducation et de la citoyenneté, si elle n’est pas inscrite dans l’emploi du temps comme un cours, les élèves y passent tous les jours... notre travail, c’est de les sensibiliser au gout, au territoire, à l’environnement, à la santé”.
Tout est dit. Mettre en lien les élèves avec des produits locaux, en plus d’apporter des débouchés stables à nos producteurs, permet de refaire territoire. Dans un monde de plus en plus hors sol, nos élèves peuvent prendre conscience d’une économie relocalisée et durable, et souvent l’expliquer à leurs parents...
L'alimentation, c’est surtout un levier pour le bien-être et l’égalité des chances. Les élèves en situation d’insécurité alimentaire ont un taux de réussite aux examens 40% inférieur à celui des autres élèves !
Malgré la mise en place du fonds collégien accessible aux boursiers, des inégalités persistent, nous l’avons vu avec le taux de fréquentation de la demi-pension bien inférieur en REP+. Notre boulot c’est de ramener ces élèves vers des repas sains et équilibrés.
Une augmentation de l’offre végétarienne permettrait notamment plus de diversité pour des élèves qui snobent la cantine faute de choix, nous y travaillons.
Mais le principal levier reste le coût d’accès : nous sommes convaincus que faire jouer les couts en fonction du quotient familial de la CAF est la bonne approche.
La progressivité des tarifs sur 9 tranches - de 1 € à 5,30 € - permettra des prix très attractifs pour les plus modestes sans pour autant devenir prohibitifs pour les plus aisés : 5,30 € pour un repas de qualité et équilibré, cela reste honnête et en dessous d’autres collectivités.
J’étais la semaine dernière en CA de collège et les parents et l’équipe enseignante ont accueilli cette mesure avec fierté. Car au final de quoi s’agit-il ? Il s’agit d’un effort collectif, redistributif, un effort de 1 M€ de notre collectivité, un effort des familles les plus aisées vers les plus modestes. Dans une société fracturée, atomisée, c’est tendre des mains.
Ce système parait tellement évident, qu’on se demande pourquoi il n’est pas encore généralisé à d’autres secteurs de la société ? Je pense bien sûr à la mise en place d’un ISF climatique qui permettrait de réduire les inégalités tout en réduisant nos nuisances sur la planète. Dans un pays qui n’a jamais été aussi riche, ne pas s’en saisir s’est décrédibiliser notre idéal républicain.
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