Chloé Girardot-Moitié réagit au voeu de Démocratie 44 qui revient sur la manifestation contre l’extension des carrières de sable en Loire-Atlantique
Monsieur le président,
Mes chers collègues,
Quelques mots pour réagir à mon tour au vœu proposé par la minorité que nous avons travaillé hier dans un esprit de consensus en commission des vœux et c’est la raison pour laquelle je le voterai, avec mes collègues écologistes.
Nous déplorons tous que des actions directes se multiplient ici en Loire-Atlantique, mais partout en France et dans le monde. Mais nous ne les déplorons pas toutes pour les mêmes raisons.
Ce que nous déplorons avant tout c’est que pour de plus en plus de citoyennes et citoyens, cela semble la meilleure façon de faire entendre leur angoisse et leur colère, leur désespoir. Le seul moyen de dépasser un système fondé sur la poursuite d’intérêts immédiats et de quelques-uns, le seul moyen de mettre la lumière sur des injustices climatiques criantes.
Ces citoyennes, ces citoyens se mettent en situation de subir la répression d’état réservée aux criminels, aux terroristes. Ils et elles se mettent en situation d’être blessé par les armes de la police, en situation d’être insultés ou pris de haut de toutes part.
Ces citoyennes et ces citoyens ce sont des ingénieurs agronomes, des parents, des climatologues, des maraichers justement, des électriciens, des chauffeurs routiers ou des infirmières. Bref la part de la société qui prend au sérieux l’alerte des scientifiques mais qui ne prend malheureusement plus au sérieux les engagements des responsables politiques.
Notre responsabilité c’est de regagner cette crédibilité perdue du système politique. C’est faire la démonstration qu’on peut à la fois écouter et agir. Qu’on peut prioriser l’intérêt général, en l’occurrence la sauvegarde de l’eau, de l’élevage, de la biodiversité et du climat sur l’ordre établi, sur les intérêts bien entendus.
Nous déplorons que de plus en plus de citoyens se projettent dans ce type d’action car elles naissent du désespoir.
Et ce désespoir nous le comprenons !
Nous vivons dans un pays où le gouvernement a été condamné pour inaction climatique
Nous vivons une nouvelle année record, 2023 est déjà un ovni statistique effrayant :
Record de température de l’air (dès juin +40° dans plusieurs endroits de Chine, +50° atteint dans l’est de l’Iran)
Record de température des océans
La fonte de la banquise en Antarctique dont on sait qu’elle sera perdue 10 ans plus tôt que ce que prévoyait les scientifiques
Je cite l’agro-climatologue Serge Zaka : “Toutes les courbes partent en cacahuètes” La violence elle est là. Et c’est aussi :
La 6ème extinction de masse
Les incendies partout dans le monde
Annoncer qu’il faut se préparer à des scénarios à +4° en France d’ici 2050 (sans trop même se préoccuper de ce que les français puissent en comprendre !)
Les eaux, l’air et des sols pollués pour des siècles par toute la chimie que nous continuons à déverser dans les milieux
C’est 10% des plus riches émettent 34T eq CO2 dans 10% des plus pauvres en émettent 4
Je pourrais continuer longtemps !
Je suis consternée de voir que nous ne sommes pas capables de prendre de la hauteur et d’analyser ce qui se passe. Je suis donc consternée de voir que l’indignation s’est portée sur les actions dont je comprends parfaitement qu’elles puissent faire débat, sans même questionner l’origine de la colère et des indignations.
Où sont les débats sur la réponse à donner face à des citoyens qui ne savent plus comment se faire entendre ? Où sont les débats sur le pourquoi les carriers et les maraîchers nantais ont été visés ? Où sont les débats sur la pollution de l’eau, l’accaparement des terres ?
Je n’ai pas participé aux actions de désobéissance civile, ce n’est évidemment pas le rôle d’une élue
Quand les tensions s’accroissent, il faut les débats, la délibération collective, les corps intermédiaires, les élus pour construire, expliquer et mettre en place des politiques justes, équitable et qui prennent en compte le long terme.
Je suis triste et inquiète que beaucoup de citoyens ne croient plus à la démocratie, ne croit plus en la sincérité de leurs élus. On écrase la convention citoyenne, on fait des plans pour baisser l’utilisation des pesticides et celle-ci augmente, on doit baisser nos GES et on fait pousser des tomates en hiver. Comment y croire encore ? Ce sont ces questions qu’il faut se poser.
Comment apportons-nous les réponses à tous ceux qui n’y croient plus et qui sont tentés par ces modes d’action ?
Comment leur montrer que la voie des institutions et des élus est encore possible ?
En étant à leurs côtés dans les cortèges,
en poussant toujours pour que le dialogue ne soit pas rompu, avec TOUS les acteurs du territoire. D’ailleurs les militants et les paysans de la tête dans le sable nous invitent toutes et tous ici présents à aller à leur rencontre, pour échanger sur l’extraction de sable ou le modèle agricole.
Et surtout, en apportant des réponses concrètes, dans nos territoires pour protéger notre eau, nos sols, notre alimentation et des modes de vies soutenables pour notre avenir de celui de nos enfants.
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