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Photo du rédacteurOmbeline Accarion

Protection de l'enfance, un enjeu majeur pour le Département

Ombeline Accarion a participé au nom du groupe écologiste à la mission d'information et d'évaluation sur la protection de l'enfance en Loire-Atlantique. Elle salue les efforts entrepris pour améliorer la prise en charge des mineurs placés, dans un contexte difficile (manque de places en établissement, déficit de personnel, conditions de travail et de prise en charge dégradées). Elle s'alarme des taux d'occupation élevés dans les établissements et en appelle à ma responsabilité de l'Etat.




J’ai pu participer à l’ensemble des réunions de travail de la mission d’information sur la Protection de l’Enfance au titre du groupe écologiste. J’ai pu constater la qualité des présentations réalisées, la richesse des témoignages, l’implication des agents du département, l’ampleur des besoins, la complexité des réponses nécessaires.


Dès octobre 21, le département a pris le problème à bras le corps en proposant d’investir 10 millions supplémentaires pour créer des places d’accueil. Dans le cadre de cette mission, sans attendre le schéma Enfance Familles, nous pouvons d’ores et déjà constater que de nombreuses actions sont en route, dans tous les domaines, pour tenter d’offrir sécurité, hébergement et accompagnement aux enfants et aux jeunes en grande détresse.

Cependant, nous souhaiterions partager ici certaines inquiétudes, que nous retrouvons dans le domaine du handicap. Dans cette situation de pénurie de solutions, après 2 années de pandémie où l’arrêt des prises en charge n’était pas envisageable, avec le mépris de l’Etat qui a donné le Ségur aux uns et pas aux autres, les professionnels sont épuisés et ils ne voient pas le bout du tunnel. Selon l’étude de l’URIOPSS Pays de la Loire, au premier semestre 2021, ce sont 800 professionnels du social et du médicosocial qui manquaient dans notre région, que ce soient des démissions ou des vacances de postes.


Pour tenter d’offrir plus de chances aux jeunes, les équipements sont utilisés au maximum voire au-delà, alors que les équipes, soumises au défi du recrutement, sont moins qualifiées et pas toujours au complet. Il n’y a aucun temps de répit, aucun temps de pause pour souffler, regarder derrière soi le travail accompli, il faut sans cesse remettre l’ouvrage sur le métier.


Comment s’occuper de façon qualitative de tous ces enfants et ces familles qui en ont tant besoin, si on est soi-même épuisé ?


Comment convaincre d’adopter ces professions, comment recruter dans ces conditions ?


Le taux de remplissage des établissements de protection de l’enfance est à ce titre un enjeu fort pour diminuer la pression qui pèse sur les équipes et leur donner envie de venir les rejoindre. La formation qualifiante et initiale des professionnels constitue également un défi à relever pour les années à venir.


Et en même temps, tout placement non effectué, toute mesure de protection à domicile traitée avec 1 ou 2 années de retard, est un drame humain. Situation kafkaïenne dont j’espère que nous pourrons sortir par le haut lorsque toutes les mesures envisagées auront pu être mises en place, en concertation avec les autorités judiciaires et les partenaires associatifs.


Nous nous inquiètons également de toutes les situations dites “complexes”, lorsque la maltraitance rencontre le handicap. Le virage domiciliaire et inclusif en cours, porté par l’ARS qui refuse d’ouvrir des places en IME, de fournir les moyens médicaux nécessaires aux structures d’hébergement pour prendre en charge correctement ces doubles fragilités, met les familles et les équipes de l’ASE sous tension. 16 % des jeunes de l’ASE sont porteurs d’un handicap, cela interroge sur les capacités de notre société à s’occuper correctement des plus fragiles.


Pour réussir sa mission de protection de l’enfance, le département a aussi besoin que l’Etat assume ses responsabilités et nous en donne les moyens, notamment médicaux.


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