Le 16 octobre 2023 le conseil départemental se prononçait contre le nouveau schéma régional de santé porté par l'ARS Pays de la Loire, en dénonçant le manque de moyens du service pulic de santé. Ugo Bessière prend la parole pour le groupe écologiste en insistant sur les besoins en santé psychique.
"On avait ici adopté un vœu à l'unanimité et j'avais demandé à ce que la santé psychique ne devienne pas le mirage dans le désert médical qu'on nous qu'on nous annonce. En Loire-Atlantique vous le savez la situation est plus que préoccupante depuis longtemps et vous avez pu le constater avec les différentes prises de parole.
Les élus locaux commencent aussi à en mesurer directement les effets. Notre groupe écologiste avait notamment alerté sur l'état de tension de la psychiatrie qui n'a pas été adaptée dans ce pays depuis 60 ans alors que dans le même temps l'évolution de la société fait que les besoins de soins ont augmenté.
D'abord il y a eu un travail il faut le saluer de déstigmatisation de la maladie psychique qui fait que de plus en plus de personnes passent la porte d'un psy. Il y a l'incapacité de l'État ensuite à donner des réponses aux crises qui deviennent structurelles ça rapporte de nouvelles affections qui s'ajoutent déjà aux difficultés quotidiennes je mentionnerai par exemple le phénomène d'éco-anxiété chez les jeunes qui est un exemple parmi tant d'autres. Et puis que dire de tout ce qui n'est pas ou plutôt plus fait en matière de logement social? de mise à l'abri ? de reconnaissance au travail? de santé environnementale ? Tous ces renoncements périphériques qui dégradent en fait aussi directement la santé psychique et qui font eux aussi par voie de conséquence grossir les besoins de de prise en charge. Je le vois tous les jours dans ma CLI il y a une zone grise qui est en train de s'installer on a des personnes de plus en plus sujets aux troubles psychiques dans nos commissions locales d'insertion.
Alors vos rapports sont riches en en indicateurs et malheureusement ils ne sont pas rassurants. Quelques-uns : en Pays de la Loire un habitant sur 10 est pris en charge pour les troubles psy, (un habitant sur 10 !) et on parle ici seulement des affections de long durée de l'hospitalisation des médicaments on ne parle pas de tous ceux qui ne passent pas la porte d'une consultation
Les jeunes, c'est très inquiétant je regardais vos chiffres dans le rapport : le nombre de jeunes à avoir vécu un épisode dépressif a été multiplié par 2 en 16 ans ; en 3 ans c'est 34 % de recours aux urgences et plus 71 % de tentative de suicide chez les jeunes filles 32 % de recours au psychotropes chez les 13-18 ans.
Je ne sais pas si c'est le modèle qu'on veut pour nos jeunes dans ce pays mais à un moment il va falloir se poser des questions. Reconnaissons pourtant que des mesures ont été prises : alors vous avez évoqué 38 million d'euros, 30 postes de psychologues créés dans les CMP ,4 postes dans les maisons des adolescents et aussi en Loire Atlantique des moyens supplémentaires pour les soins psychiatriques à domicile les équipes mobiles; 11 lits ouverts à Saint-Nazaire pour les adolescents et je pense aussi au cofinancement état d'un poste de coordination pour les contrats locaux de santé mentale pour les communes qui s'engagent. Il y en a deux en Loire-Atlantique et j'entends l'engagement que vous avez évoqué sur la Maison de l'Enfant et sur le paramédical en en psychiatrie. Mais on sent là que ce sont des mesures qui ont été prises en urgence malheureusement et que ça suffira pas on le sait à endiguer les phénomènes qui se développent dans le pays. Avec une population qui va augmenter, la Loire Atlantique reste sous-équipée. Je regardais aussi les chiffres par rapport à la moyenne nationale et faute de place, on oriente les jeunes vers la psychiatrie adulte. Les délais d'attente des CMP n'en finissent plus de s'allonger. À l'hôpital faute de lit et de médecin on renvoie les gens chez eux. Dans les CMP on renvoie les gens vers l'hôpital.
Récemment il y a une mobilisation significative à Blain qui assure 50 % des besoins du 44. On vient d'y fermer des lits et le sevrage alcoolique n'y est plus possible aussi faute de moyens. En ce qui concerne plus particulièrement le département, le projet de supervision de la PMI qui est hyper important par la pédopsychiatrie a priori est compromis. Le manque de moyens en psychiatrie fait porter la charge sur l'ASE [(Aide sociale à l'enfance)] qui est déjà elle-même en tension et donc ce n'est pas forcément la première mission.
La santé psychique n'a peut-être pas besoin de solutions nouvelles mais elle a surtout besoin de lien humain et donc d'une refonte structurelle qui tienne compte du système de soins et de tout ce qui gravite autour. Nous comptons bien sûr sur le gouvernement car sans moyens concrets j'ai bien peur que nous continuerons de prêcher dans le désert sur la psy en tout cas je vous remercie de votre attention."
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